19/01/2015
France

Évaluation des écosystèmes et des services écosystémiques

La France dresse l’inventaire des bénéfices qu’elle tire de ses écosystèmes et de sa biodiversité.

Gratuits… mais de grande valeur !
Purification de l’eau, protection du littoral contre les tempêtes,
stockage du carbone, zones récréatives, tels sont quelques-uns des
services gratuits rendus par les écosystèmes. Détruire ou fragiliser les
écosystèmes et la biodiversité, c’est aussi perdre ces bénéfices
parfois invisibles. Étudier et évaluer ces bénéfices permet de mieux les
prendre en compte dans les décisions d’aménagement et de mieux les
préserver. De plus, la biodiversité est une source d’innovation et
représente à ce titre une valeur potentielle importante. Les services
écosystémiques sont les services rendus par la nature qui contribuent
aux activités humaines. Plusieurs études ont montré l’importance de la
biodiversité et des écosystèmes en tant que capital économique
extrêmement important. Afin notamment de mieux connaître la contribution
des écosystèmes à la création de la richesse nationale, le ministère de
l’écologie a engagé l’évaluation française des écosystèmes et des
services écosystémiques : EFESE. Cette étude de plusieurs années
mobilise des experts des principaux organismes de recherche nationaux
dans un processus participatif impliquant également de nombreuses autres
parties prenantes. Elle vise à la fois à dresser un état des
écosystèmes et à estimer la valeur des services qu’ils produisent. La
méthodologie, qui est en cours de validation, a vocation à permettre de
procéder à une évaluation à différentes échelles depuis le niveau local
jusqu’au niveau international. Les premiers résultats ont été présentés
lors du séminaire du 9 décembre 2014. À titre d’illustration, le service
rendu par les insectes pollinisateurs contribue à hauteur de 8,6 % de
la valeur marchande de la production agricole destinée à l’alimentation
humaine en France, soit près de 3 milliards d’euros par an en 2010
(source, Commissariat général au développement durable, 2014).

La formidable diversité de services rendus par les écosystèmes Les zones humides
présentent de forts enjeux écologiques : sur la base de trois sites
tests du bassin Seine-Normandie, les services produits par ces espaces,
notamment en termes de rétention des crues, de purification de l’eau et
de régulation du climat, sont évalués a minima dans une fourchette
allant de 1 000 à 7 000 euros par hectare et par an (source :
Commissariat général au développement durable, étude de 2010 sur trois
sites tests du bassin Seine-Normandie : Devaux, 2010, avancées et
enseignements pour la valorisation des services rendus par les zones
humides, CGDD, Le point sur, n° 157). Les comptes économiques de la forêt française
(établis par le Commissariat général au développement durable en
partenariat avec l’INRA, le SSP, et l’IGN) ont permis de souligner
l’importance d’une évaluation de l’ensemble des biens et services
fournis par la forêt, au-delà de la production de bois. Les évaluations
ont démontré que la prise en compte des autres services rendus par la
forêt (activités récréatives, séquestration du carbone, protection)
contribuerait à multiplier par trois la valeur de la forêt par rapport à
sa seule fonction d’approvisionnement en bois (source : Les comptes
économiques de la forêt française, 2011). Les récifs coralliens, les mangroves et les herbiers (prairies
marines) font partie des symboles de la biodiversité d’outre-mer. Les
travaux d’évaluation économiques menés dans le cadre de l’IFRECOR
(Initiative française pour les récifs coralliens) ont souligné le rôle
essentiel de ces écosystèmes dans la protection du littoral. En
nouvelle-Calédonie, ils permettraient de réduire jusqu’à 219 millions
d’euros (valeur calculée en 2010) les dommages provoqués par les aléas
climatiques sur l’ensemble du territoire. C’est le service le plus
important en termes économiques, puisqu’il représente deux tiers de la
valeur des services évalués. Il est suivi par la pêche (20 % de la
valeur) et le tourisme (10 %).

Ce programme d’évaluation constituera
la contribution de la France au projet européen de cartographie et
d’évaluation des écosystèmes et de leurs services, et un apport à la
plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services
écosystémiques – IPBES.

Environnement France – 11-12-2014